domingo, 13 de octubre de 2013

Agnès Letestu fait ses adieux à l'Opéra de Paris

Journée très spéciale que ce jeudi 10 octobre pour le monde de la Danse. Agnès Letestu fait ses adieux sur la scène de l'ODP. Avec elle, c'est toute une génération qui s'en va. C'est ma génération modèle. J'avais 9 ans lorsqu'elle a remporté le Prix du concours Européen des jeunes danseurs, j'en avais 13 lorsqu'elle fût nommée Première danseuse. Forcément j'ai suivi son parcours et elle fût et est toujours l'une de mes danseuses préférées, incarnant la quasi perfection si ce n'est LA perfection.
C'est bien sûr elle que j'ai vu en Giselle lors de ma 1ere fois à Garnier. Suivirent bien d'autres représentations et j'ai tremblé plus d'une fois en attendant la date de ses représentations redoutant un changement de distribution (si fréquent à l'ODP).

Plus que des mots, rien ne vaut de la voir danser.
Quelques vidéos souvenirs... Et surtout merci Agnès pour tous ces moments inoubliables.


miércoles, 9 de octubre de 2013

ROB: Don Quixote de Carlos Acosta

Depuis sa création en 1869 au Théâtre du Bolshoï par Marius Petipa, le ballet Don Quichotte a inspiré de nombreux chorégraphes, comme tous les grands classiques. De Rudolf Nureyev à Alicia Alonso en passant par Mikhail Baryshnikov, ce ne sont pas les versions qui manquent. Alors pourquoi en créer encore une? Et surtout pourquoi au Royal Opera House alors que Dowell avait déjà monté sa production ?
Et bien pourquoi pas? Ai-je envie de répondre aux sceptiques. Surtout lorsque c'est Carlos Acosta qui s'y colle. Le rôle de Basile lui va comme un gant et si cela n'est bien sûr pas un gage de réussite ça laisse entrevoir quelque chose d'intéressant. En tout cas en ce qui me concerne j'étais curieuse de découvrir sa version. J'étais présente lors des représentations du 5 octobre au soir et du 6. Et je suis convaincue par cette nouvelle mouture.

Pour commencer et afin que tout le monde s'y retrouve voici un petit résumé de l'histoire qui n'a pas grand chose à voir avec celle de Cervantes:
Don Quichotte, qui lit un livre contant l'histoire d'un chevalier fini par se croire lui-même un chevalier à la recherche de sa Dulcinée. Ses aventures le mènent à Barcelone, sur une place où Kitri, la fille de l'aubergiste Lorenzo est amoureuse de Basile. Le père de Kitri s'oppose à leur union car Basile n'a pas d'argent et souhaite voir sa fille épouser Gamache, riche mais stupide et ridicule. Kitri et Basile s'enfuient et se retrouvent dans un camp de gitans. Grâce à une supercherie de Basile et l'aide de Don Quichotte qui croit reconnaître en Kitri sa Dulcinée, les 2 amoureux pourront se marier et même recevoir la bénédiction de Lorenzo.
Avant de parler des distributions et des danseurs et danseuses sur scène il faudrait d'abord voir ce que nous réserve ce Don Quichotte.

Déjà, il y a 2 heures de danse complètes. Ca fait du bien comparé à certaines versions quelque peu tronquées.
Dès le prologue, Dulcinée apparaît pour guider Don Quichotte dans sa quête chimérique allant même jusqu'à l'adouber avant que n'entre Sancho Panza. Celui-ci est poursuivi par des paysannes auxquelles il a volé une poule. Le monde de Don Quichotte et celui de Panza, bien terre à terre, s'opposent déjà mais se complètent aussi. C'est Panza qui, arrachant un pied du lit à Baldaquin de Quichotte, fabrique la lance de ce dernier et la lui offre.
Aucun temps mort n'est à déploré et c'est bien la première fois que je ne m"ennuie" pas pendant le prologue.

Le 1er acte s'ouvre sur une rue suposée être de Barcelone. Un ingénieux décor mouvant en fera tour à tour une place, l'entrée de la maison de Gamache ou une rue. L'ensemble reste très conventionnel dans la chorégraphie et avec la pantomime et les mimiques vues et revues des pseudo disputes entre Kitri et Basile. Malgré tout, c'est un véritable plaisir de suivre les aventures des tourtereaux et, après tout, c'est bien ça Don Quichotte. Je suis d'ailleurs la première à râler quand les classiques sont revisités à l'extrême. L'acte qui dure plus de 50 minutes passe à toute vitesse. La chorégraphie reste fidèle à l'esprit Petipa mais s'enrichie de quelques détails et les danseurs et danseuses parlent sur scène!
Le 2eme acte me semble être le plus intéressant dans sa forme. La scène des gitans a été bien étoffée notamment avec la présence sur scène de musiciens guitaristes flamenco (sur des thèmes de Minkus quand même!). Les "¡guapo!", "¡guapa!", "vaya otra vez!" fusent avec un petit accent british excellent. C'est une bonne idée que d'avoir introduit une scène de flamenco, d'avoir fait parler les danseurs mais pourquoi ne pas être allé jusqu'au bout? On a droit a un semblant de début de sevillana et c'est tout. C'est du classique un peu "flamencorisé" si je puis dire et c'est dommage. Les compas marqués par les mains sont approximatifs. Cela pourrait être grandement amélioré. Ceci dit, les danses gitanes traditionnelles du ballet ont été remarquablement réglées et chorégraphiées, l'orchestration est aussi réussie.
Mais avant l'arrivée des gitans, il y a le pas de deux de Kitri et Basile sur la musique que l'on retrouve dans la Bayadère. Carlos Acosta a monté une belle chorégraphie musicale et fluide. Les costumes sont bien pensés et les décors mettent en avant la dualité monde réel/monde onirique . Don Quichotte est le seul à voir le gigantesque moulin qui l'entraîne dans la tempête.

La scène du rêve a été transposée dans un jardin aux fleurs mauves immenses. Les tutus des dryades sont kitschissimes mais, curieusement, ça passe. Il faut dire que la scène est complètement surréaliste et onirique. Don Quichotte, grand rêveur même éveillé, est en train de rêver pour de vrai! Bonne idée que d'utiliser un double de Don Quichotte qui sort du corps du chevalier endormi pour rejoindre le jardin magique et sa Dulcinée.
Mais au réveil, c'est dans une taverne que Don Quichotte doit se rendre pour retrouver le couple fugitif. Là aussi le thème flamenco est repris et, à mon sens, pas assez exploité.
Quant au mariage de Basile et Kitri, c'est tout simplement un feu d'artifice dansé. Je regrette juste l'absence des dames d'honneur. Ce sont les deux amies de Kitri qui assurent mais en duo et les variations me manquent.
Le tutu de Kitri fait plus princesse que fille d'aubergiste même si on se doute qu'elle a mis sa plus belle robe pour se marier, surtout avec le diadème. C'est visuellement très joli mais inhabituel pour Don Quichotte. Elle ressemble plus à Dulcinée qu'à Kitri. Basile aussi fait très prince de conte de fées.  Faut-il y voir le message comme quoi rêve et réalité peuvent se confondre? Ou peut-être que je me pose trop de questions.

Le 5 septembre Iana Salenko était Kitri et Steven McRae Basile. Leur partenariat fonctionne à merveille. La pantomime est excellente, drôle, bien jouée. Steven McRae ne correspond physiquement pas vraiment a l'idée (souvent fausse) que l'on se fait des espagnols et pourtant il colle bien avec la personalité de Basile, charmeur et séducteur à souhait et très amoureux de sa Kitri. Iana Salenko est une Kitri au caractère bien trempé qui n'a pas peur de tenir tête à son père (Christopher Saunders, très à l'aise dans son rôle) ni de ridiculiser Gamache (Thomas Whitehead qui se donne à fond). Les portés à la seconde du 1er acte sont époustouflants: s'il n'y avait aucune contrainte de temps je suis sûre qu'ils seraient encore tous les 2 sur scène à tenir le porté. Sérieusement.
L'un comme l'autre ont une technique incroyable qu'il et elle mettent au service de la Danse. Iana Salenko a tenu des équilibres interminables et ultra stables lors du pas de deux. Voilâ 2 vraies Etoiles qui savent briller sur scène et faire vivre une histoire.

Le rôle de Cupidon ou Amour était interprété le 5 au soir aussi  par la toute jeune mais excellente Anna Rose O'Sullivan. Elle est vraiment parfaite dans ce rôle qui semble fait pour elle.
J'ai été en revanche moins convaincue par la reine des Dryades de Yuhui Choe sur les 2 représentations. Si elle a de très beaux bras et un haut de corps lyrique, je l'ai trouvé un peu éteinte dans sa variation.

Akane Takada est superbe en amie de Kitri.  Elizabeth Harrod qui l'accompagne n'est pas en reste.

Le couple Mercedes (Itziar Mendizabal)/Espada (Valeri Hristov) fonctionne bien. Valeri Hristov donne une vision très cliché des toreador à l'heure où, à Barcelone, les corridas n'ont plus lieu d'être.

Kristen McNally et Bennet Gartside sont tout aussi excellents en couple gitan que dans le fandango final.

Beau travail d'interprétation our le Sancho Panza de Jonhattan Howells. Quant à Don Quichotte, c'est Gary Avis qui lui donne vie magistralement. 

Le 6, les rôles de Kitri et Basile étaient tenus par Sarah Lamb et Frederico Bonelli. Tous deux nous ont offerts de superbes moments mais cela manquait peut-être d'un peu de vie, d'un peu de peps. J'ai trouvé Sarah Lamb bien meilleure dans la scène du rêve en Dulcinée.

Meaghan Grace Hinkis est très gracieuse en Amour mais il lui manque un peu de fantaisie.

Le corps de ballet est peut-être un peu "froid" pour Don Quichotte mais il a le potentiel pour nous donner un peu plus de cette chaleur espagnole. Il était déjà plus à l'aise le dimanche que le samedi soir. Dans l'ensemble, les alignements sont bons, les groupes synchronisés.
Il m'a semblé reconnaître Mayara Magri. En tout cas une jeune danseuse qui lui ressemble a de suite attiré mon attention.

Le ballet sera diffusé en direct dans de nombreuses salles de cinéma et aussi à Barcelone le 16 octobre.
Je ne suis pas convaincue par ces diffusions et j'en parlerai sûrement dans un autre billet mais cela peut quand même valoir le coup pour découvrir cette version et admirer Acosta et la divine Nuñez programmé-e-s ce soir-là.